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Cher membre du Club,

Je suis sûr que vous avez déjà entendu ce conseil autour de vous :

« En bourse, il n’y a que les taureaux (bulls)
et les ours (bears) qui gagnent.

Le reste, ce sont des moutons ».

Si c’est le cas, j’espère que vous n’êtes pas tombé dans le piège de la « finance de comptoir » qui voudrait que seuls les investisseurs taureaux qui parient à la hausse et les ours qui parient à la baisse gagnent en bourse… tandis que les « moutons », ceux qui hésitent et finissent par acheter et vendre avec le mauvais timing, se font tondre !

La logique paraît implacable à première vue : les marchés se retournent toujours dans un sens ou dans l’autre et finissent par donner raison à l’une ou l’autre des 2 stratégies.

Eh bien, je n’aime pas ce dicton pour 2 raisons :

  1. Il « moutonnise » la plupart des investisseurs particuliers et les décourage à s’engager sur les marchés boursiers. Résultat, en France les investissements boursiers représentent moins de 10% du patrimoine des ménages ;
  2. Ou inversement il fait prendre des risques inconsidérés aux quelques investisseurs qui refusent d’être considérés comme des moutons et veulent agir à tout prix.

Mais alors, comment savoir quand appuyer sur le bouton « ACHAT » ou « VENTE » ?

Pour prendre vos décisions comme les meilleurs gérants de fonds, voici 3 questions à d’abord vous poser.

Question 1 : Quelles sont les performances passées ?

Consultez toujours les données historiques : plus vous en savez, moins vous vous trompez.

Une série statistique sur 200 ans est bien plus puissante qu’une tendance sur 10 ans.

La preuve : la plupart des investisseurs en bourse se concentrent sur les actions car ils savent que c’est un marché en hausse depuis 2 siècles. Et qu’il devrait donc continuer à monter.

Progression de l’indice Dow-Jones depuis 1800 : malgré les crises, ça monte !

Et avec des repères simples, vous saurez même  identifier des actifs mal valorisés, très loin des moyennes de marché, et réaliser des plus-values conséquentes lorsque le prix s’ajuste. 

Sachez qu’il existe quelques repères boursiers « normatifs » qui se vérifient (presque) toujours par le passé pour les sociétés saines :

  1. Multiple de résultat net ou « P.E.R. » – s’il est inférieur à 7.0x, ouvrez l’œil ;
  2. Multiple de capitaux propres ou « Price to Book Value » : un ratio inférieur à 1.0x doit vous alerter ;
  3. Multiple de Valeur d’entreprise / Excédent Brut d’Exploitation (ou « EV / EBITDA ») : si le multiple est inférieur à 8.0x, l’action est sous valorisée.

Parmi la multitude de ratios boursiers, ces 3 ratios statistiques sont incontournables.

ATTENTION : J’insiste sur le fait que leur analyse par rapport aux moyennes du marché n’est valable que pour des sociétés saines, c’est-à-dire peu endettées, avec un niveau d’activité stable ou croissant, et bénéficiaires depuis au moins 5 ans.

Les fonds spéculatifs les plus importants (Bridgewater, Citadel, PIMCO, etc.) ont depuis longtemps industrialisé cette approche statistique en compilant des sommes d’informations colossales. C’est ainsi qu’ils construisent leurs algorithmes de trading et qu’il est désormais plus fiable de laisser un ordinateur produire la décision d’investissement.

L’avantage de l’approche, c’est que les enseignements du passé permettent d’estimer assez fidèlement le rendement d’une entreprise sur le long-terme, son espérance de gains et de pertes potentielles. Elle est donc bien adaptée si vous achetez des actifs pour plusieurs années.

D’autre part, elle s’applique parfaitement aux marchés matures : USA, Europe, matières premières, etc.

L’inconvénient des statistiques, c’est que si les tendances peuvent être anticipées, les contextes où elles interviennent ne sont jamais les mêmes

Les 2 booms des valeurs technologiques en 2000 et 2020 sont des tendances comparables mais ils n’ont pas les mêmes causes : il y a 20 ans, le marché était dopé par l’apparition d’internet dans une économie mondiale au plus haut. En 2020, alors que l’économie mondiale tournait au ralenti, le marché était porté par l’afflux de liquidités opéré par les banques centrales.

Il faut donc compléter avec une 2e question :

Question 2 : quelles sont les hypothèses de l’activité future ?

L’approche dite « prospective » est particulièrement valable dans le cas des entreprises innovantes

Il s’agit de rassembler tous les éléments factuels qui peuvent vous permettre de rendre concret les bénéfices futurs d’une nouvelle opportunité.

Concrètement, avant de miser sur une startup opérant dans l’hydrogène ou la “blockchain”, il faut vous rappeler toutes les innovations qui n’ont jamais réussi au stade industriel : les lunettes Google Glass, les téléviseurs 3D, les smartphones à stylet, etc.

Lunettes à réalité augmentée, télé en 3D : le marché n’était pas au rendez-vous

Pour éliminer le risque d’échec futuril y a un réflexe à avoir dont je vous ai déjà parlé :

Interrogez-vous sur le réalisme du projet de l’entreprise :

  1. L’entreprise a-t-elle une base de clients en croissance ?
  2. Son chiffre d’affaires est-il correctement réparti ?
  3. Le projet est-il à l’abri d’un risque juridique et technique ?
  4. Vous et vos proches seriez-vous clients de l’entreprise (si c’est pour du grand public) ?

Si vous répondez 4 fois « oui »c’est très bon signe pour votre décision.

Vous pourrez considérer sereinement des projets d’intelligence artificielle, d’internet des objets, de mobilité urbaine, etc… sans forcément avoir à éplucher 50 ans de graphiques boursiers ou de comptes annuels !

L’inconvénient avec la prospective, c’est qu’on reste dans la spéculation. Cela ne peut donc s’appliquer qu’à une petite partie de vos investissements.

Je crois que cette approche fonctionne aussi pour les entreprises matures et stables : l’avenir d’une entreprise qui a déjà fait ses preuves n’est jamais assuré, et doit aussi être remis en question.

TOTAL par exemple, a déjà anticipé l’avenir en se réorientant davantage vers le gaz que vers le pétrole, et en investissant dans l’hydrogène.

En revanche, une entreprise parapétrolière comme VALLOUREC ne parvient pas à se sortir de la crise du pétrole de schiste dont elle est totalement dépendante. Elle n’a pas su anticiper la baisse des prix du baril et accentuer sa gamme hors pétrole au service de l’industrie automobile.

Question 3 : Comment « je le sens » ?

L’instinct est un critère décisif dans certains cas : notamment les cas où les données passées et les hypothèses futures ne suffisent pas.

Écoutez donc votre intuition, mais seulement sur une gamme restreinte d’actifs inclassables : cryptomonnaies, obligations pourries, Biotechs, etc.

Cela peut arriver de « sentir » une opération plutôt qu’une autre, et de voir votre instinct récompensé. Au mois de novembre 2020, j’ai « senti » qu’il fallait que j’achète des cryptomonnaies, que c’était le moment. Ce n’était évidemment pas un choix rationnel de se lancer d’un coup sur un actif spéculatif, mais il a payé.

Après novembre 2020, le Bitcoin a quadruplé de valeur en 6 mois : merci l’instinct !

Rétrospectivement, cette intuition se basait bien sur des éléments rationnels. Je l’ai prise parce qu’indirectement j’avais des doutes sur les conséquences des injections massives de liquidité sur la monnaie. Et aussi parce que j’ai pris le temps de comprendre la fabuleuse technologie « blockchain » des cryptomonnaies.

Donc l’intuition pure n’existe pas : en réalité, elle ne fait que compiler tous les éléments à votre disposition. Et de ce point de vue, l’intuition est d’autant plus valable pour des investisseurs expérimentés, qui connaissent bien le marché. Si vous « sentez » bien une opération, ce doit être parce que votre bagage financier d’investisseur vous y aide.

Logiquement, au plus vous connaissez un marché ou un secteur d’investissement, au mieux votre intuition sera précieuse et valable pour vous décider.

C’est l’avantage de cette méthode : elle est rapide et vous permet d’accélérer votre décision.

En revanche, si vous êtes étranger au marché et que vous ne “sentez” rien : oubliez ! Votre instinct ne vaut pas mieux qu’un pari sur la roulette du casino.

J’ai posé la question de ces critères de décision à plusieurs investisseurs professionnels autour de moi, et voici ce qu’ils m’ont répondu :

Entre les 3 approches, leur mécanisme de prise de décision est composé :

  • À 60% de la méthode statistique ;
  • À 30% de la méthode prospective ;
  • Au maximum à 10% de leur instinct.

Cela correspond tout-à-fait à un portefeuille d’actifs équilibré :

  • Des marchés matures ;
  • Des valeurs d’avenir ;
  • Et des actifs plus spéculatifs et risqués à la marge.

Désormais, vous avez les outils pour activer votre cerveau de la meilleure manière, et décider comme un pro : faites-en bon usage.

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