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Cher membre du Club,

Le CAC40 a récemment flirté avec les 6 300 points ! Mais retenez-vous d’applaudir.

C’est quand tout va bien qu’il faut anticiper le pire : pensez à prendre des bénéfices, sortir des investissements spéculatifs… et orienter votre portefeuille vers des valeurs refuges variées. Ni or, ni immobilier : lisez jusqu’au bout et vous découvrirez une valeur que vous détenez déjà… d’une certaine manière.

Récemment, j’ai été alarmé par le message reçu de Maryse, une abonnée du Club des Investisseurs Indépendant qui m’a rappelé une leçon de bon sens financier.

« Cher Felix,

Que la bourse se porte bien : tant mieux, mais ce que je vois concrètement : beaucoup de gens ont perdu leur travail depuis 2020 dans ma ville (et ça continue), et certaines factures (gaz, électricité, assurance, banque) me coûtent 5,5% de plus qu’il y a un an (…)

Donc l’inflation est déjà là, alors que la vraie crise n’a pas encore commencé (…) et la Bourse est au plus haut !

(…) J’ai encore 11 ans avant la retraite, et j’ai l’impression que tout pourrait s’envoler d’un coupPourriez-vous parler, s’il y en a encore, des valeurs refuges pour se protéger ? »

Car il est vrai que même si la bourse bat des records, les prix « subis » mentionnés par Maryse, augmentent depuis l’été 2020.

C’est un fait : l’inflation est déjà là !

L’inflation là où ne l’attend pas

Alors oui : la bourse est au plus haut, mais pour de mauvaises raisons. Aux USA et en Europe, les sommes astronomiques injectées par les banques centrales sont réinvesties sur les marchés qui continuent donc de grimper, ne bénéficiant alors qu’à une frange infime de la population.

En bleu, la monnaie disponible et en rouge, la vitesse de circulation de la monnaie

Les mécanismes d’une crise sont en marche : il y a de plus en plus d’argent créé entre les mains de moins en moins de gens.

Du côté des marchés, tout le monde salue les performances des indices boursiers sans se rendre compte qu’il s’agit d’une crise inflationniste : on valorise plus haut des entreprises moins performantes.

Pas une seule des entreprises du CAC 40 n’a gagné plus d’argent en 2020 qu’en 2019, et le marché continue à acheter leurs actions. Tout cet argent mis en circulation a propulsé l’indice au plus haut depuis 20 ans : l’inflation, ce n’est pas que dans votre caddie.

Alors il faut s’y préparer : la première correction proviendra logiquement des marchés.

Le risque est que l’inflation financière se transfère de la bourse à l’économie réelle.

C’est pourquoi je vous conseille de regarder plutôt des valeurs hyper-résistantes.

C’est-à-dire les matières premières, les biens d’équipement, et l’ensemble des biens et services indispensables à une économie qui tourne.

J’ai découvert avec la crise du COVID qu’une partie « basique » de l’économie peut quand même s’arrêter de tourner : les transports, par exemple.

Mais parmi les secteurs de base, un secteur inattendu a résisté à l’arrêt de l’économie en 2020, et a réussi à surperformer.

Ce nouveau secteur refuge qui affiche d’incroyables rendements, c’est celui des produits laitiers.

Beurre, crème, fromage : les produits laitiers contre la crise

Dans ce secteur, les géants se portent bien et les acquisitions démontrent la bonne santé des acteurs :

  • Danone (EPA : BN) par exemple, malgré sa peine en bourse et le limogeage de son patron Emmanuel Faber, reste le 6ème producteur mondial ;
  • De son côté, le groupe BEL (EPA : FBEL) vient d’annoncer la vente à prix d’or de Leerdammer au groupe Français et n°1 mondial Lactalis, pour environ 700 millions d’euros ;
  • Enfin, les investisseurs institutionnels Crédit Agricole et le Groupe Avril viennent quant à eux d’investir à parité dans Sodiaal (12ème mondial), pour renforcer leur participation.

En effet, le marché a été particulièrement soutenu depuis 2020 grâce à l’effet COVID : avec le boom de la cuisine chez soi, la demande de beurre, de crème et de fromage (B.C.F.) a profité aux industriels, quelle que soit la saison.

Pour résumer : la filière laitière industrielle se porte bien sans la crise, et mieux avec. C’est la définition d’une valeur refuge.

Ne foncez pas tête baissée pour autant. D’une part, Sodiaal est un groupement de coopérative et Lactalis une société familiale non cotée : vous ne pourrez pas en devenir actionnaires. Et de son côté, le Groupe BEL veut sortir de la bourse.

Quant à Danone, le cours semble intéressant : l’action vaut son prix de 2013, mais avec un chiffre d’affaires 15% plus élevé. Attendons de voir qui succèdera durablement à Emmanuel Faber.

Ce qui laisse la place pour un outsider, français lui aussi et 14ème producteur mondial : l’ancien groupe Bongraina tout d’une nouvelle « valeur refuge ».

Savencia : Cœur de Lion, part du lion ?

Rebaptisé Savencia, le groupe coté est désormais présent dans 120 pays et n’a plus grand-chose d’une laiterie familiale. L’année 2020 a permis de révéler au marché l’extrême solidité de son bilan, ce qui s’est traduit par une reprise boursière exceptionnelle.

+49% pendant 12 mois difficiles : la valeur Savencia est solide

Ce qui a fait la différence pour Savencia, c’est la solidité de son réseau géographique et de distribution : le groupe a su compenser la chute d’activité dans la restauration et faire face à la forte croissance de la consommation à domicile.

En 2020, Savencia est un des seuls groupes français qui a vu à la fois son chiffre d’affaires (5,2 milliards d’euros) et son bénéfice augmenter (79 millions d’euros)[1]En pleine crise, le groupe enrichit encore plus ses actionnaires.

Outre son organisation, c’est le portefeuille de marques ultra-diversifié de Savencia qui lui assure des débouchés sur les produits « sains », comme sur la gamme « plaisir ». La forte demande pour la raclette pendant les épisodes de confinement automnal et hivernal a profité au groupe qui venait de racheter Richemont.

Savencia : un aperçu des nombreuses marques de référence en France

D’un point de vue fondamental, la société est donc très solide. Son endettement ne dépasse pas 35% des fonds propres, et la famille Bongrain contrôle encore les deux tiers du capital. La société versera en 2020 le dividende suspendu par prudence en 2019, sans faire d’effort particulier sur une confortable trésorerie.

Dans ce marché mûr, la croissance de Savencia passera par des acquisitions. Celle de Richemont, intervenue avant 2020, a justement permis d’encaisser 32 millions d’euros de coûts additionnels liés à l’épisode COVID.

Et Savencia a un coup à jouer à moyen terme : Sodiaal et Lactalis sont déjà des géants, Bel vend ses actifs et Danone est en proie à une lutte d’actionnaires.

Puisqu’il n’existe pas d’actif sans risque, mentionnons ici que Savencia comme ses concurrents a été accusé en 2016 d’établir un cartel du lait dans le but d’en faire baisser le prix d’achat auprès des producteurs.

De plus, le lait infantile commercialisé par le groupe a été épisodiquement contaminé à la salmonelle en 2019.

Ce sont les 2 risques modérés identifiés pour cette valeur. Le « bon sens financier », laisse prévoir un avenir brillant pour Savencia à moyen terme.

Le triomphe du lait, malgré la controverse

Le marché français des produits laitiers est extrêmement solide et porteur.

Les produits laitiers sont consommés tous les jours, 3 fois par jour et la consommation mondiale de produits laitiers est en croissance de 2,5% par an, tirée par les pays émergents.

La France est le 1er consommateur de beurre et de fromage au monde. Un français achète 84 kilos d’équivalents produits laitiers par an. 80% des Français âgés de 3 à 75 ans consomment tous les jours des produits laitiers.

Au-delà de la consommation des ménages, la filière laitière est un véritable pilier de notre agriculture. Elle représente[2] :

  • 39 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel ;
  • 300 000 emplois en France ;
  • 7 milliards d’euros à l’export : l’Italie et l’Allemagne sont nos premiers clients pour le beurre et le Fromage ;
  • Près de 15% de notre production agricole.

Si vous aviez des doutes sur cette valeur refuge « nouvelle génération », ces chiffres devraient pouvoir vous rassurer.

Et quand bien même l’inflation devrait se transposer des marchés financiers aux étals de supermarché, les produits laitiers demeureront une denrée protégée.

Comme pour les valeurs refuges plus « classiques », n’y consacrez pas plus de 10% de votre portefeuille. Mais ce seront 10% qui rapportent !

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