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Cher membre du Club,

« Le livre papier est mort » … « Amazon a tué les libraires » … « Les Français ne lisent plus… »

Réjouissons-nous, car ce qui précède est faux. 31% des Français lisent plus de 20 livres par an, et seuls 10% de la population ne lit pratiquement pas.

Nous lisons toujours, mais le portable n’est jamais loin

Mais nous n’avons jamais consommé autant de contenu sur écran, en parallèle, voire pendant nos lectures.

En premier lieu sur nos téléphones : en moyenne 4h30 par jour.

Et notre temps d’écran vaut beaucoup d’argent : c’est inimaginable.

Le marché du jeu vidéo sur téléphone représente à lui seul 244 milliards de dollars par an – dans 5 ans, ce sera le double.

Quand vous dépensez 15 € pour un livre, vous dépensez  30 € au cinéma et 45 € en jeux vidéo.

C’est la raison pour laquelle Microsoft vient de dépenser 73 milliards de dollars – une fortune – pour acheter un éditeur de jeux vidéo.

Le montant est tellement délirant qu’il faut que vous compreniez pourquoi Microsoft en arrive là.

Et comment cela ouvre une perspective de croissance énorme pour votre portefeuille.

La différence avec Birkenstock

Donc Microsoft offre 95 $ par titre aux actionnaires d’Activision – offre approuvée après 20 mois de haute lutte.

Ce qui valorise Activision 74 milliards de dollars, boursièrement ça donne :

  • 10 fois le chiffre d’affaires…
  • 41 fois l’EBITDA…
  • 50 fois le bénéfice net (PER de 50x)

Prenons 20 secondes pour avoir notre « bon réflexe PER » : le Price-to-Earnings Ratio, c’est le rapport entre ce que vaut la société et ce qu’elle gagne : Capitalisation boursière / Bénéfice net.

Une bonne mesure de rendement, puisqu’on peut comparer notre investissement à ce qu’on peut attendre comme bénéfice. Ici, le PER à 50x veut dire que pour 50 de capitalisation boursière, il y a 1 de résultat.

En l’occurrence, Activision vaut 75 milliards en bourse, et réalise 1,5 milliard de bénéfice net (75/1,5=50x).

Et si on rapporte le PER à notre niveau d’actionnaire particulier, cela donne : Prix de l’action / Bénéfice net par action. Le résultat est exactement le même : 50 x (on divise les montants par le nombre d’actions).

Donc à notre niveau, cela veut dire : pour un investissement de 50 dans cette action, j’ai un 1 de résultat chaque année. Ou bien : à raison de 1 de résultat chaque année, il me faudra 50 ans pour amortir mon investissement.

C’est hors de prix. C’est absurde de payer si cher dans un marché moins riche en cash.

Et ça me fait penser aux sandales Birkenstock qui viennent juste d’entrer en bourse sur des bases de valorisation similaires : 9x le chiffre d’affaires, 50x le PER.

Premier jour de cotation : prévue à 46 $, l’action clôture à 40 $. 2 jours plus tard, elle est à 36 $. 22% de coupe en 3 jours !

Sauf que, sauf que… avec Activision, Microsoft achète une croissance – et pas des résultats.

Croissance annuelle moyenne du chiffre d’affaires : +10,2%

Sur les 20 dernières années, Activision augmente ses ventes de +10,2% chaque année.

Avec un niveau de croissance pareil, la société double de taille en 8 ans. Et triple en 12 ans.

Et le plus fort, c’est que Microsoft compte sur la croissance du marché du jeu vidéo, qui est encore supérieure : +15,4% de progression annuelle d’ici 2029.

Le secteur doit absolument faire partie de  la stratégie « croissance » d’un portefeuille. Soit avec un ETF lié au marché de l’e-sport, soit en achetant les actions d’un acteur coté (il y en a de nombreux entre les USA, le Japon et… la France).

Le test « covid » démontre la robustesse du secteur  : même dans une situation dramatique, les joueurs jouent chez eux, et consomment des jeux vidéo. La croissance est robuste.

Dans un dossier de croissance, les ratios de valorisation classiques sont moins pertinents : l’investisseur va probablement gagner davantage en plus-value qu’en rendement grâce au dividende.

Surtout que dans ce cas-ci, Microsoft met la main sur un éditeur de jeux payants… et gratuits !

Le paradoxe du jeu gratuit

Au fait, que contient Activision ?

Des jeux mythiques que vous connaissez plus ou moins : Call of Duty (jeu de guerre – 90 millions de joueurs mensuels), World of Warcraft (jeu de rôle multijoueur – 130 millions de joueurs), ainsi que d’autres jeux vendus sous licence – à jouer en ligne la plupart du temps, ou sous format CD pour les consoles.

Mais la star d’Activision est un jeu que vous connaissez sans doute…

Si vous n’y jouez pas, vous avez déjà vu quelqu’un y jouer

Il s’agit de « Candy Crush », le jeu sur mobile aux… 273 millions de joueurs mensuels !

Le jeu qui ne finit jamais (+ de 10 000 niveaux) et dont le but est d’aligner des bonbons (candy) pour les faire exploser (crush). Entre la musique et l’apparente facilité de l’expérience, le jeu est addictif.

Surtout qu’il est gratuit.

273 millions utilisateurs qui ne payent pas… mais qui rapportent !

Car vous connaissez l’adage « si c’est gratuit, c’est vous le produit ». En réalité, un joueur de Candy Crush consomme 60 secondes de publicité toutes les 10 minutes.

Pire : on est obligé de regarder la publicité si on veut passer au niveau d’après.

Sachant qu’un joueur y joue 38 minutes par jour, je vous laisse faire la règle de 3 permettant d’évaluer l’immense espace publicitaire que représente Candy Crush pour les annonceurs.

Et il y a même des joueurs qui payent pour avoir des fonctionnalités en plus : en 2018, le jeu gagnait ainsi 4,2 millions de dollars… par jour ! ?? (en plus de ses revenus publicitaires).

Depuis sa création il y a 10 ans, le jeu « gratuit » a accumulé 20 milliards de dollars de revenus.

Satya Nadella digère-t-il mal l’addition ?

La première offre de Microsoft pour Activision date de janvier 2022 – le monde d’avant.

Pas de guerre en Ukraine, pas d’opposition des BRICS, pas de pénurie d’énergie, ni d’inflation… et des taux d’intérêt proches de zéro.

D’où une offre de Microsoft à 95 $ l’action – ça parait énorme aujourd’hui mais la tech baignait dans un océan de cash.

20 mois après, l’addition semble donc salée, dans un contexte aussi compliqué pour la « tech » au sens large.

Je dis semble, car Microsoft a fait cette offre il y a presque 2 ans, sur la base des résultats d’Activision à l’époque… Microsoft a gagné 2 ans de croissance dans l’intervalle !

Microsoft savait très bien que son offre était théoriquement très élevée en la faisant – mais encore une fois, c’est la croissance qui a été achetée.

Regardez la progression des principaux acteurs cotés du jeu vidéo en 2023 :

Elle varie entre +10% et +40% !

Quand le CAC 40, le DAX, le Dow-Jones et consorts ne dépassent pas les +6% sur la même période.

À mon avis, le patron de Microsoft Satya Nadella se frotte les mains en ce moment.

Il vient d’ajouter à son empire un éditeur leader du jeu vidéo. Et de prendre des longueurs d’avance pour capter la croissance sur le marché.

Et ses actionnaires peuvent le remercier : le titre Microsoft prend +36% en 2023.

Pas si bête finalement, ce jeu de bonbons…

Je vous reparle très vite,

D’ici là, visez juste et placez bien.

Felix Baron