Cher membre du Club,
J’espère me tromper !
Mais une société française a pour intention de tondre le grand public.
Cette société, vous la connaissez forcément, c’est : Doctolib.
Cette société qualifiée de « licorne » (valorisation supérieure à 1 milliard d’euros) étudie son entrée en bourse en 2025 (en anglais IPO = Initial Public Offering).
Image générée par l’intelligence artificielle !
Problème : elle rentre en bourse pour de mauvaises raisons.
D’une part parce qu’elle n’arrive plus à trouver d’argent chez les grands investisseurs (fonds d’investissement, fonds de pension, assureurs, etc.)
D’autre part parce que les actionnaires historiques veulent « de la liquidité ». C’est-à-dire tout simplement vendre leurs actions et engranger leurs plus-values.
Et comme les grands investisseurs n’ont plus autant d’argent qu’avant (à cause des taux d’intérêt élevés)…
Cette société se tourne vers les « petits », c’est-à-dire les particuliers : vous et moi.
Mais…
Le 1er problème des licornes, c’est que ça n’existe que dans les contes pour enfants.
Le 2ème problème, c’est qu’elles ne gagnent pas d’argent (et pourtant elles valent quand même « des milliards » — il va falloir m’expliquer).
D’ailleurs, Doctolib n’est pas la seule dans ce cas. Alors que Qonto visait en 2022 la rentabilité pour 2023… elle vient d’annoncer la viser désormais pour 2025 !
Pourtant, elle ne s’empêche pas de faire recours à l’I.P.O. pour aller chercher les fonds de particuliers comme vous et moi, après les centaines de millions déjà “pompées” aux grands investisseurs.
Dans cet email, je vais vous expliquer comment repérer à 100 mètres les opérations douteuses de ce genre…
… Même si vous lirez probablement le contraire dans la presse financière – qui, à la différence de notre club, n’est pas indépendante.
Et à la fin de cet e-mail, je vous donnerai même 3 lettres qui remplacent « IPO » pour faire une bonne opération financière.
Les 7 indices qui doivent vous inquiéter
Retenez bien ces 7 indices, faites-en une « check list »
1. Le projet n’est pas clair. Si vous ne comprenez pas immédiatement pourquoi une société fait appel à l’argent des épargnants plutôt qu’à celui des banques (ou à sa propre trésorerie), fuyez.
S’il s’agit de développer un nouvel outil industriel, de conquérir un nouveau marché, de s’implanter à l’international, soit. Mais si vous ne comprenez pas le projet clairement, passez votre chemin.
2.Pas d’actionnaire de référence. Si vous ne savez pas qui détiendra la société après l’introduction en bourse (une famille ? un fondateur ? un fonds ?), vous ne pouvez pas savoir dans quelle direction ira l’entreprise. Et vous ne savez pas qui défendra les actionnaires.
3. La société vend son futur. « On ne gagne pas encore d’argent, mais ça va venir grâce à l’argent qu’on vous demande ». Eh bien revenez-nous voir quand vous serez profitable ! Être actionnaire d’une société en perte, c’est être responsable de ses dettes.
4. Secteur en déclin. Une société qui s’introduit en bourse pour racheter des imprimeries et opérer dans le secteur de l’édition sur papier, ça ne marche pas en 2024. Même si le projet peut personnellement vous tenir à cœur, il faut savoir reconnaître ce qui a un avenir commercial.
5. Les actionnaires historiques veulent vendre leurs parts. À mon avis, l’idée de l’introduction doit toujours venir d’un dirigeant ayant des actions qu’il ne peut pas vendre en totalité après l’opération. Cela garantit la continuité de l’exécution de la stratégie.
Si les fondateurs historiques font pression pour une introduction en bourse, cela veut juste dire qu’ils veulent réaliser leur investissement, et enfin transformer leurs actions en argent. Leur intérêt est assuré, mais le vôtre ?
6. Si on perd ce client, c’est fini. Beaucoup de sociétés opèrent des technologies de niche, coûteuses à développer, et qu’elles vendent à de gros industriels. Par exemple, AMS OSRAM vendait sa technologie Microled à Apple pour les écrans d’iPhone. Mais quand Apple a changé de fournisseur, le cours s’est effondré.
7. La valorisation parait exagérée. On en arrive au point critique. Les analystes tablent sur une valeur entre 4 et 5 milliards d’euros pour Doctolib. Franchement ? C’est n’importe quoi.
Ça représente 2 fois la valeur d’Air France, un groupe qui a renoué avec les milliards de bénéfices et qui transporte 46 millions de passagers par an.
Et le pire, c’est que ces valeurs gonflées font perdre de l’argent à tout le monde.
Pourquoi les IPOs françaises échouent à 91%
Sur les 43 introductions en bourse réalisées à la Bourse de Paris depuis 2021, seules 3 ont un cours aujourd’hui supérieur au cours d’introduction (Boa Concept, Stif SA et Planisware).
En moyenne, elles ont perdu 48% de leur valeur par rapport à la date de l’introduction.
C’est la réalité du marché des introductions en bourse en France : déprimant.
Déprimant, mais pas dramatique. Et en fait, cela s’explique très bien.
Notre économie est majoritairement animée par des PME et des ETI (entreprises de taille intermédiaire), pour la plupart régionales et détenues par leurs fondateurs ou la famille des fondateurs.
À la différence des USA, nous ne sommes pas dans un pays où aller en bourse est une fin en soi.
Bien sûr, il y a les mastodontes de la cote, les Total, LVMH, BNP, Danone, etc. Mais ces sociétés pèsent très lourd en bourse surtout grâce à leur présence à l’international.
La majorité des entreprises françaises s’adressent à un marché domestique, 5 fois moins peuplé que les USA et 10 fois moins riche en termes de PIB.
Pour la bourse, c’est pareil : seulement 7% des Français détiennent des actions. Le marché est petit, et limité.
Donc quand une société tente l’aventure boursière, rares sont les spectateurs.
Mais pour certaines sociétés, c’est inévitable : les sociétés pharmaceutiques ou biotechnologiques avec des phases de développement longues et coûteuses.
La France peut être fière d’en compter des milliers ! Mais pour ces entreprises, le risque est énorme.
Parcours boursier d’AB Science depuis 5 ans
Je pense à l’exemple récent d’une biotech comme AB Science : en 2021, les espoirs étaient permis sur un traitement contre la maladie de Charcot.
Mais l’autorisation de mise sur le marché n’a jamais été donnée. Le travail de développement de 12 ans a été anéanti, en même temps que le cours de bourse. De 20 € en 2021, il est actuellement à 1,47 €.
En bref, le marché boursier français est souvent cruel pour un candidat à l’introduction : trop petit, trop risqué.
Même si on est une société saine et bien gérée.
Alors imaginez pour une start-up déficitaire… et revenons au cas Doctolib.
Qui veut perdre des millions ?
On vous propose d’investir dans un projet qui perd de l’argent, vous en êtes ?
Moi non plus.
Doctolib ne gagne pas d’argent ; la société n’est toujours pas rentable en 10 ans d’existence.
Le gouffre des pertes « utiles » de Doctolib
Et pourtant, la société a trouvé des investisseurs pour financer son développement qui ont déboursé des centaines de millions d’euros.
En ligne de mire, ces investisseurs voyaient la progression du nombre d’utilisateurs côté patients et côté professionnels de santé. Et les chiffres sont vertigineux : 25 millions d’utilisateurs en France, et 155 000 praticiens.
C’est sûr que tant d’utilisateurs, ça « vaut » bien quelque chose.
Mais vous avez déjà payé pour Doctolib, vous ? Pour les dizaines de rendez-vous pris grâce à l’application, avez-vous déjà payé 1 euro ?
Non. Et ce n’est pas normal. Citez-moi un service qui vous facilite la vie et que vous ne payez pas.
Google ? Vous payez via la pub qui s’y affiche selon vos données. Les réseaux sociaux : pareil. Les GPS Waze et Google Maps ? Idem, vos données et vos trajets sont enregistrés. Les informations sur les sites d’actualité ? La livraison Amazon ?
TOUT ce qui rend un service est payant directement ou indirectement via la publicité.
Alors, certes avec Doctolib ce sont les praticiens qui payent. Mais est-ce qu’on les paye plus cher pour amortir ce coût ? Ce n’est pas certain.
Quoi qu’il en soit, Doctolib dépense bien trop d’argent par rapport à ce qu’elle gagne. Et une société en perte devrait suffire à faire fuir les « petits » investisseurs.
Sinon, il faut m’expliquer comment Doctolib vous fera gagner en tant qu’actionnaire : en versant un dividende ? Avec quel argent ? Avec une plus-value à la revente ? Sur la base de quelle valeur ?
Certes Doctolib « vise la rentabilité d’ici 2025 », mais en attendant il va m’en falloir plus pour me convaincre qu’une boîte déficitaire vaut des milliards.
Évolution du cours de Believe et Deezer depuis leur introduction en bourse
Et si vous avez besoin d’y voir plus clair sur le sort des « licornes » introduites à la bourse de Paris, le graphe ci-dessus est éloquent.
Believe et Deezer, valorisées plusieurs milliards avant leur introduction en bourse – mais n’ayant à cette date jamais été profitables, n’ont jamais fait qu’appauvrir leurs actionnaires.
Et Believe est d’ailleurs en train de sortir de la cote : un aveu d’échec.
Pourquoi je ne crois pas aux licornes
Déjà, parce qu’elles n’existent que dans les contes pour enfants.
Dans le cas de Doctolib, l’interview du patron sur le sujet de l’introduction en bourse évoque des innovations à venir : service de messagerie, un outil de coopération entre soignants, assistants intelligents grâce à l’intelligence artificielle, la possibilité de payer en ligne…
Cela justifie-t-il de lever 5 milliards sur le marché ? Ces innovations ne vont-elles pas coûter plus cher qu’elles ne vont rapporter ?
Nulle part il n’est fait mention (rien n’est officiel pour l’instant) d’aller sur de nouveaux marchés.
Bref, c’est un peu maigre.
La réalité, c’est que Doctolib a été fondé il y a plus de 10 ans et que le fondateur et ses investisseurs qui ont investi des centaines de millions d’euros… n’ont jamais gagné d’argent.
Ils ont hâte de pouvoir réaliser leur investissement : vendre leurs parts pour encaisser leur plus-value.
Mais s’ils ont réussi à chaque levée de fonds à convaincre des grands investisseurs de financer leur aventure déficitaire, aujourd’hui c’est fini.
L’argent abondant à faible taux d’intérêt n’existe plus.
Donc la tentation dans ce cas-là, c’est de se tourner vers les investisseurs particuliers via une introduction en bourse. On ouvre le capital à Monsieur tout le monde en lui proposant de souscrire à une augmentation en bourse.
Ces gens-là apporteront moins d’argent au niveau individuel mais leur nombre sera bien plus élevé.
Mais si l’objectif est d’apporter de la liquidité (c’est-à-dire une possibilité de vendre les parts des actionnaires historiques), on doit se poser la question : pourquoi les anciens actionnaires ne garderaient pas leurs actions puisque ils prétendent que leur société vaut des milliards (et qu’elle va bientôt être rentable ?)
Il manque à ce stade une ambition de développement, de forte croissance, un axe identifié pour l’avenir de la société.
Là, on a l’impression que l’introduction en bourse qui est projetée va servir surtout à enrichir des gens qui ont bien sûr travaillé et construit.
Quitte à appauvrir les nouveaux-venus.
J’aimerais être sûr du contraire. Pourtant les statistiques des « IPO » sont formelles : 9 échecs sur 10 introductions en France, et près de la moitié aux USA.
C’est pourquoi, je préfère faire l’inverse du “pari sur l’entrée en Bourse d’une société”.
En ce moment, j’investis plutôt sur la sortie de Bourse des sociétés à forte rentabilité
Celles que les gros investisseurs s’arrachent pour profiter des larges bénéfices qu’elles génèrent, sans verser de dividendes aux actionnaires.
Des opérations qui tous les mois, font gagner des +30%, +40%, +50% à des investisseurs particuliers – en l’espace de quelques jours.
Ces opérations portent aussi un nom en 3 lettres : les OPA.
Ce mois-ci, ce sont les actionnaires de Neoen qui ont gagné +27% sur leurs actions,
Juste avant, c’était en février 2024, c’était Chargeurs qui a permis une prime de +51% à ses actionnaires,
Et encore avant, c’est Orapi qui a livré une prime de +41% en décembre 2023.
Et par rapport au secteur des IPO dont 9 sur 10 sont des échecs… Le secteur des OPA est un Éden !
Sur les 23 Offres Publiques d’Acquisition de l’année dernière, 23 vous auraient permis une prime.
C’est l’antithèse même des IPO françaises. En étant actionnaires d’une des 23 OPA de l’année dernière, vous auriez reçu en moyenne 33,4% de primes par action.
Ces primes sont régulières, et permettent de véritables trésors de gains pour les petits investisseurs comme vous et moi.
En suivant les mouvements initiés par les grands fonds d’investissement,
Vous pouvez vous créer une stratégie « spéciale OPA » pour aller chercher ces Primes récurrentes.
Clément Brilland, expert sur le marché des OPA, vous montre comment appliquer 3 critères pour repérer les entreprises prêtes à « primer » dans cette courte vidéo.
Je vous reparle très vite.
D’ici là, visez juste et placez bien.
Felix Baron