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Cher membre du Club,

C’est une affaire de courbes.

En repérant les bons indices, vous aurez la bonne stratégie en bourse.

Si vous regardez celle-ci, vous verrez que l’euro a gagné +11,2% par rapport au dollar US en 2025.

Il n’en faut pas plus pour que les médias de grand chemin fassent le sacre de l’euro face au dollar.

Techniquement, c’est juste de dire que l’Euro s’apprécie face au dollar. Mais il faut regarder la situation globale.

Yen, Livre-Sterling, Franc Suisse, Yuan chinois, Dollar Singapourien, Couronne Norvégienne… toutes les grandes devises progressent par rapport au dollar.

Ôtez-vous donc de la tête l’idée que l’euro est fort. C’est le dollar qui est faible.

Et non seulement il est faible en juin 2025, mais il l’a toujours été par rapport à l’euro :

En réalité, l’euro vaut en moyenne 1,18 $ depuis 26 ans… Mais depuis 2022 (et la hausse des taux d’intérêt), la parité avait baissé à 1 € pour 1,08 $.

Donc le dollar faible, ce n’est pas nouveau.

Et pour l’instant, ce n’est un problème que pour les touristes américains. Inversement, l’euro fort n’est pas forcément une bénédiction.

Dans cet article, je vous propose 2 stratégies en bourse :

  • l’une pour profiter de l’euro “fort”
  • l’autre pour tirer parti du dollar faible.

Et vous verrez que le dollar faible n’est pas une si mauvaise nouvelle pour les USA…

L’euro “fort”, attention : mirage

L’euro se renforce – par rapport au dollar uniquement.

Donc cette situation profite à qui dépense en dollars et encaisse en euros.

C’est le cas dans 3 configurations d’entreprises – mais la première est la seule valable actuellement :

Cas n°1 – les entreprises importatrices de matières premières ou de biens en dollars

Les entreprises européennes qui achètent des matières premières ou des biens libellés en dollars bénéficient d’un euro fort, car cela rend ces achats moins coûteux.

C’est le cas de TotalEnergies (TTE). Et l’opportunité est double avec un baril de pétrole en forte hausse actuellement.

TotalEnergies achète et vend du pétrole et du gaz, traditionnellement négociés en dollars. L’euro fort permet à Total de réduire le coût de ses achats d’hydrocarbures libellés en dollars. 

Et cela améliore mécaniquement ses marges bénéficiaires sur ses activités de vente de pétrole et gaz en Europe.

Le constat est le même pour Airbus (AIR), pour une raison très particulière.

Airbus a aussi des coûts de production (matériaux, composants, etc.) libellés en dollars. Un euro fort réduit le coût de ces achats en dollars pour la production de ses avions. 

Mais vous vous en doutez, Airbus vend ses avions en dollars avant d’en convertir une partie en euros. Alors, opération neutre ?

Non, car Airbus n’a qu’un seul concurrent, et encore, Boeing se porte très mal depuis 2 ans entre les problèmes techniques et les accidents récents.

Et Airbus peut profiter de cette position dominante sur le marché pour augmenter ses prix en dollars.

Cas n°2 – les entreprises avec des coûts en dollars et des revenus en euros

C’est le jackpot de produire en dollars et de vendre en euros ! C’est par exemple la situation de L’Oréal ou de Kering. Mais attention, il faut éviter le piège.

D’un côté, L’Oréal a des coûts d’approvisionnement partiellement libellés en dollars (matières premières, emballages, etc.).

Et seulement 27% de ses ventes se font en dollars.

Pour Kering c’est pareil : tissus, accessoires, services de production à l’étranger libellés en dollars sont moins chers avec un euro fort. 

Mais le luxe souffre du ralentissement économique de la Chine, de la surenchère sur les droits de douane, de l’inflation aux USA et en Europe. 

C’est le piège du luxe : quand l’économie mondiale hésite, les dépenses de luxe sont moins prioritaires.

Cas n°3 – Les entreprises ayant une dette en dollars

Les entreprises qui ont contracté des dettes en dollars bénéficient d’un euro fort, car cela réduit le montant en euros qu’elles doivent rembourser pour les intérêts et remboursements de principal.

C’est le cas de nombreux constructeurs automobiles européens (pas Renault). Mais pour la même raison que pour le luxe, les ventes de voitures ne sont pas au beau fixe – ajoutons la concurrence des modèles électriques chinois.

Dollar faible : et alors ?

Le paradoxe actuel du dollar c’est d’être une monnaie “faible” mais extrêmement puissante.

L’affaiblissement du dollar serait un problème pour les USA si le dollar n’était pas la monnaie de réserve mondiale (50% des réserves de banque centrale sont en dollars).

Ce serait aussi un problème si les USA importaient dans une autre monnaie que la leur.

Mais la majorité des échanges internationaux (énergie, matières premières, transactions financières) se font en dollars.

Mais quand on dépense et qu’on encaisse dans la même monnaie

Certaines sociétés ont un avantage redoutable, surtout celles exposées à l’international (la plupart des grosses capitalisations américaines).

Par exemple : Coca-ColaPepsicoMcDonald’s.

Ces 3 sociétés très implantées à l’étranger ont une part importante de leurs revenus dans des devises comparativement plus fortes que le dollar… qu’elles convertissent ensuite en monnaie américaine avec un effet de change favorable !

Les sociétés du secteur technologique, qu’il s’agisse de logiciels ou d’infrastructures, sont également avantagées.

Pensez à Apple, Microsoft ou Amazon. 

Ces 3 sociétés vendent (surtout) du cloud et des applications, dans le monde entier et encaissent des euros, des yens, des yuans, etc.

Elles ont donc les monnaies locales qui leur permettent d’acheter des intrants un peu partout dans le monde sans effet de change, et convertissent leurs bénéfices en dollars (où leur principale dépense sont les salaires).

Maintenant, songez aux entreprises qui exportent des biens physiques. Coca-Cola et Microsoft n’ont qu’un avantage limité par rapport à elles.

Coca-Cola sous-traite sa production partout dans le monde : elle n’exporte que ses brevets. Quant aux produits Apple et Microsoft, ce sont surtout des savoir-faire que vous n’achetez pas en dollar – sans effet de change donc.

Maintenant, pensez à Nvidia et à ses cartes graphiques.

Pensez aux fournisseurs d’infrastructures technologiques : data centers, réseaux, cloud.

Eux conçoivent, parfois produisent, et facturent partout en dollars. Donc non seulement ils ont un faible effet de change à la vente, mais en plus leurs produits deviennent extrêmement compétitifs pour qui les achète en euros, yens, yuans, etc.

Une fois de plus cette année, l’Intelligence Artificielle est la grande gagnante de la situation.

Et vous l’avez compris : ce n’est pas dû au hasard.

Le plongeon avec préméditation

Le dollar plonge en partie à cause de Donald Trump.

Le président ne s’en cache pas :

  • Il veut un dollar faible.
  • Il veut des droits de douane massifs.
  • Il veut relocaliser l’économie et réduire les importations.

Et surtout, un dollar faible et une inflation forte lui permettent de payer moins cher la colossale dette américaine.

Mais attention : la chute du dollar ne tient pas qu’à Trump.

Elle s’explique aussi par :

  • L’incertitude autour des droits de douane
  • La fuite des capitaux étrangers : les investisseurs vendent leurs bons du Trésor.
  • Les tensions avec la Réserve Fédérale : Trump s’attaque à l’indépendance monétaire.
  • La montée du risque politique : budget explosif, guerre commerciale, incertitude fiscale…

Résultat : le DXY, l’indice qui mesure la force du dollar, plonge semaine après semaine.

Goldman Sachs voit même l’euro grimper jusqu’à 1,25 $ d’ici fin 2026.

Mais il y a un effet boomerang.

Qui perd à ce jeu ?

Si une partie des USA est gagnante, ce n’est pas vrai partout.

Déjà, les capitaux internationaux commencent à fuir les bourses américaines, jugées trop incertaines sous le mandat Trump.

Et certains secteurs sont pénalisés : les compagnies aériennes américaines, qui voient le pouvoir d’achat des touristes américains baisser vers l’étranger.

La grande distribution (Walmart, CostCo, Home Depot), elle aussi, souffre : elle importe beaucoup de biens de l’étranger en monnaie étrangère qu’elle revend ensuite en dollars… important ainsi de l’inflation aux USA

En Europe, le tourisme en provenance des USA souffre aussi par ricochet.

Mais de l’autre côté, les bourses européennes récupèrent les flux de capitaux qui fuient les USA.

Et les grandes capitalisations – surtout industrielles – décotées jusqu’à alors, en profitent.

Comme Airbus, ou TotalEnergies… tiens, ça me fait penser au début de ce mail !

Je vous reparle très vite

D’ici là, visez juste et placez bien.

Felix Baron