Skip to main content

Cher membre du Club,

Les USA sont « les boss de la bourse ».

Donc si vous voulez vraiment suivre la bourse, regardez le marché US. Surtout quand il est aussi haut : toute chute serait malvenue.

Car les ordres de grandeur sont hallucinants.

Le marché américain représente un tiers du marché boursier mondial. Il vaut 7 fois le marché chinois, 20 fois la City de Londres et 25 fois les bourses de Francfort et Paris.

Donc quand vous êtes concentré sur les « gros » du CAC 40, comme TotalEnergies ou LVMH, dites-vous bien que ce sont des nains, à l’échelle mondiale.

Taille comparée des plus grosses capitalisations aux USA et en France

Prenez la 5ème plus grosse capitalisation mondiale : Alphabet (Google). À elle seule, elle vaut plus que les 800 entreprises cotées à la bourse de Paris.

Les USA viennent encore de démontrer leur hégémonie : les indices phares S&P 500 (les 500 premières capitalisations US) et Nasdaq (les entreprises du secteur tech) ont encore atteint un record absolu.

Sur les 5 dernières années, les indices ont doublé de valeur.
(Quand le CAC 40 a seulement gagné 50%).

En regardant ces courbes, ma première réaction a été de soupirer « C’est n’importe quoi. Qu’est-ce qui justifie une hausse pareille ? »

Comme si les entreprises de ces indices avaient doublé leurs revenus en 5 ans. Et leurs bénéfices avec. J’ai quand même vérifié.

  • Sur les 15 plus grandes capitalisations américaines, 12 ont vu leurs revenus doubler entre début 2020 et fin 2024.
  • Elles ont toutes doublé leurs bénéfices sur la même période.

L’Amérique semble imbattable.

Mais dans mon expérience, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Et la bourse cache bien des choses sur la sphère réelle, sur « la vraie vie ». Et c’est ça qui m’interroge.

Car c’est souvent au sommet qu’on est le plus fragile. Je n’ai aucune envie de voir les USA en proie à une crise ou un krach, qui ravagerait les bourses européennes et asiatiques par effet de contagion.

Puisqu’on est au plus haut, je surveille l’altitude. Et aujourd’hui, je vous donne le premier signal à suivre depuis mon cockpit.

Et je vous en donnerai d’autres dans les semaines à venir.

VIX : attention à l’excès d’optimisme

Le Volatility Index (VIX) mesure « la peur » sur les marchés américains (et plus particulièrement sur le S&P 500). C’est donc un bon thermomètre.

Vous pouvez le suivre sur n’importe quelle plateforme libre d’accès (comme Google Finance ou Yahoo Finance).

Historiquement, la situation est critique au-dessus de 40 points
(en rouge, le 5 août 2024 et le 9 avril 2025)

  • S’il est en hausse : le marché craint la volatilité et s’attend à des mouvements importants du marché, la peur est généralisée : les investisseurs achètent des options de vente (puts) pour se protéger contre les baisses potentielles.
  • Si l’indice est en baisse : la confiance des investisseurs est accrue, avec une anticipation de stabilité sur les marchés. Les investisseurs achètent des options d’achat (calls) pour se positionner sur la hausse des prix.

On parle de « peur » car l’indice mesure exactement la volatilité (ou l’incertitude), à savoir l’amplitude des fluctuations des prix d’une valeur. Plus les prix varient, moins les marchés sont certains de leur fixation.

Sur le graphe ci-dessus, vous voyez que le 5 août (lundi noir avec le krach du carry trade japonais) et le 9 avril (suite au « Liberation Day » de Trump sur les tarifs douaniers) sont les jours de grande panique.

Mais vous voyez aussi que ces pics sont très soudains. La veille ou l’avant-veille de ces records sur le VIX, l’indice était aux alentours de 20 points.

Et c’est précisément ce qu’il faut surveiller. L’excès d’optimisme.

Quand le marché est trop confiant alors que la situation économique, ou géopolitique mondiale semble dégradée. Typiquement, quand l’indice descend vers 15 points alors que :

  • Les tarifs douaniers sont toujours une menace ;
  • L’Amérique (l’état) et les Américains (les ménages) s’endettent toujours plus ;
  • La Russie n’a pas terminé sa guerre contre l’Ukraine ;
  • La situation au Proche-Orient est loin d’être apaisée ;
  • La croissance des géants économiques ralentit…

20 ans de bourse m’ont appris quelques ficelles : le marché récompense tout ce qui lui permet de gagner à très court terme.

Et il ignore superbement les menaces à plus de 3 mois.

Le VIX peut donc rester longtemps sous les 20 points tant que la réalité ne lui saute pas à la figure

Mais c’est quand le son du violon ?

Vous pourriez penser du VIX que c’est un indice rétrospectif et imprévisible : vous auriez raison (en partie).

Quand il est en forte hausse, c’est généralement trop tard.

Mais quand il augmente en pic soudain, cela marque aussi une quasi-certitude : le marché a atteint son point bas.

Évolution comparée de l ‘indice VIX (en jaune) et du S&P 500 (en bleu)

Le graphique ci-dessus l’indique assez nettement : quand le VIX fait un pic, le S&P 500 touche un point bas.

C’est « le son du canon » : le moment d’acheter.

Mais pour le son du violon, à savoir quand il faut vendre, c’est plus difficile.

Il y a alors 2 possibilités.

Option facile : y aller « au feeling »

Le « timing » du marché est un jeu dangereux : impossible de savoir exactement quand le marché se retourne.

C’est pour ça que je m’en remets à la maxime de James de Rothschild : « J’ai fait fortune en vendant toujours un peu trop tôt. »
 
Et c’est la première possibilité pour le son du violon : le définir vous-même. Décider de vendre à un moment donné vous permet :

  • De sortir de la partie, ce qui vous libère d’une certaine contrainte psychologique (personne n’y échappe) ;
  • De transformer vos plus-values latentes en gain réel

Par exemple, vous pouvez décider de vendre lorsque l’action a atteint (ou est proche) de son objectif de cours.

L’objectif est souvent la moyenne des prix-cible des analystes de marché. On retrouve ces objectifs sur toutes les plateformes boursières (type Saxo Trader), mais aussi sur Yahoo Finance (exemple de l’action Air France ci-dessous), rubrique « analyse ».

Extrait de Yahoo Finance

Vous pouvez aussi vous dire que sur telle action, vous attendez telle plus-value de manière raisonnable (par exemple, +30%). Et vous contraindre à vendre une fois qu’elle est atteinte.

Plus technique, mais passionnant : le « VIX du VIX »

L’autre option pour anticiper les mouvements du marché est plus technique : il s’agit de suivre le « VIX du VIX ».

L’indice VVIX mesure la volatilité… de l’indice VIX !

Accrochez-vous pour comprendre : j’essaie de rester simple.

Gross modo, le VVIX donne une idée sur la certitude ou l’incertitude sur la stabilité de cette volatilité.

Relisez bien, car c’est subtil : le VVIX mesure le degré de certitude… sur l’incertitude !

Comme si le marché disait : « je suis sûr que les prix vont varier, mais je ne saurais pas vous dire à quel point » ou alors : « Certes, les prix ont fortement varié mais ça devrait s’arrêter ».

Cet outil est utilisé par ceux qui cherchent à anticiper les mouvements de marché dans des environnements instables :

  • Si le VVIX est en hausse, il y a une forte incertitude sur la volatilité dont on prévoit mal l’amplitude – c’est l’anticipation d’un marché plus volatile.
  • Si le VVIX est en baisse, il y a une confiance croissante du marché, l’anticipation d’une volatilité réduite et d’un environnement plus stable.

Évolution comparée du VIX et du VVIX

Le plus important à retenir ici, c’est l’anticipation. Le « VIX du VIX » a déclenché son alarme d’anticipation à maintes reprises juste avant les chocs baissiers :

  • Pendant la crise financière de 2008, la hausse du VVIX a signalé une volatilité extrême avant le pic historique du VIX.
  • De même, en août 2015, avant la correction des marchés mondiaux, une hausse du VVIX a prédit une forte montée du VIX.
  • En mars 2020, avant la chute des marchés due à la pandémie, le VVIX a indiqué une volatilité extrême.

Puisque nous sommes dans une phase de records absolus en bourse, le graphique ci-dessus est précieux.

Il montre que le VVIX augmente plus vite que le VIX au cours des 5 derniers jours. Si la tendance se poursuit encore sur 5 jours, cela m’alertera sur la hausse du risque à venir.

Retenez la meilleure nouvelle pour l’instant : les marchés américains sont au plus haut, et la bourse n’aime rien de plus que les marchés haussiers.

Dans quelques jours, je vous écrirai sur un autre indicateur… cher à Warren Buffett.

D’ici là, visez juste et placez bien

Felix Baron