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Cher membre du Club,

J’ai fini comme un punching-ball, tabassé par la violence des informations du jour.

Et je me rappellerai longtemps le lundi 6 octobre.

De l’ouverture des bourses européennes à 9h à la fermeture de Wall Street à 22h, le marché a été une vraie pièce de théâtre.

Où chacun a joué son rôle, vite et fort, signe d’un contexte de surchauffe – si vous en doutiez, c’est confirmé !

Mais je reviens sur la chronologie des évènements : cela vous dira où va l’argent actuellement, à quelle vitesse, et avec quels risques.

Introduction : tout commence dimanche soir en France

Coup de théâtre, un nouveau gouvernement en France est annoncé à 20h.

Dès que le nom de Bruno Le Maire est indiqué comme ministre (aux Armées), toutes les rédactions TV, radio et presse sont unanimes : ce gouvernement ne tiendra pas 24h.

Déjà que le reste du gouvernement ne plaisait pas vraiment au Parlement, le retour de « Monsieur Mille Milliards » (tenu responsable de l’explosion de la dette publique) provoque un tollé.

Donc personne ne se lève lundi matin en croyant que ce gouvernement va tenir. Sauf peut-être Bruno Le Maire lui-même, qui a déjà mis à jour sa biographie (avant même la passation de pouvoirs).

Acte 1 : la dette française immédiatement sanctionnée

À 9h50, le futur ex-Premier Ministre annonce donc sa démission, remise plus tôt au Président.

Ce qui ne surprend guère les médias français, désormais habitués à ce retour au rythme instable de la IVème République ; en revanche c’est la mauvaise surprise pour les investisseurs étrangers.

La réaction est immédiate, le taux de rendement des obligations d’état bondit de 3,5% à 3,6% dans la journée.

Si ça ne vous parait pas énorme, ça signifie que la dette émise à partir de lundi coûte désormais à la France 1 million d’euros de pluspar jour.

Si ces taux montent, c’est parce que les investisseurs qui prêtent à l’état français jugent que le risque de défaut est plus élevé (et on les comprend).

Résultat : cette panique se diffuse instantanément sur l’indice CAC 40 qui perd 2%, et dont les entreprises comprennent que la dette va coûter plus cher aux sociétés françaises.

Finalement, l’état est maintenant plus « risqué » (pour les obligations) que les grandes entreprises françaises. Ma conclusion est qu’à moins d’un choc profond, aucun étranger n’a envie d’investir dans le pays le plus instable d’Europe.

Les opportunités actuelles sont ailleurs.

Acte 2 : 80 milliards d’un coup de baguette magique

À 13h, un communiqué de presse joint d’AMD (producteurs de puces) et OpenAi (ChatGPT) tombe sur mon poste.

Ils y annoncent un contrat dans lequel AMD va fournir 6 gigawatts de puissance de calcul à OpenAi. C’est une capacité mo-nu-men-tale.

Un peu comme si OpenAi avait besoin de faire tourner ChatGPT… 400 fois plus vite qu’actuellement. Ou qu’OpenAi décidait de proposer non pas un modèle de langage, mais 400 simultanément.

Et l’accord – qui vaut plusieurs centaines de milliards de dollars – prévoit également qu’OpenAi a une option d’achat sur 10% du capital d’AMD.

Le communiqué est tombé à 2h30 de l’ouverture de Wall Street. Immédiatement, les investisseurs du monde entier envoient des ordres d’achat sur l’action AMD, pour en avoir en premier lorsque la bourse ouvrira.

En quelques minutes, l’action grimpe jusqu’à +38% ! L’euphorie passée, l’action finira à +23% à la fermeture de  Wall Street. Du jamais vu pour une « large cap ».

Et au moment où je vous écris (mardi 7 à 15h40), l’action est encore fortement demandée à l’ouverture (voir ci-dessous).

Entre vendredi soir et mardi après-midi, AMD a gagné 83 milliards $ de valorisation boursière, soit +31%.

Il y a donc une « spéculation » sur l’IA, il faut l’assumer. Mais il faut être subtil.

Acte 3 : la bulle molle et la bulle toxique

Ce que nous dit cette hausse spectaculaire, c’est que l’avenir de l’IA se joue sur la puissance de calcul. Même avec les meilleurs ingénieurs développeurs de programmes, vous ne ferez rien sans les puces AMD ou Nvidia.

Je vous en parle depuis un an : l’argent de l’IA se gagne dans les infrastructures. Data centers, réseaux, énergie, puces : ceux qui fournissent le matériel sont les gagnants d’aujourd’hui.

Tous ces acteurs sont très chers et survalorisés, mais ils bénéficient d’une demande exponentielle et ont prouvé leur rentabilité. Ils sont dans une bulle molle, et dégonfleront éventuellement sans fracas.

En revanche, il y a une autre bulle sur l’IA, plus dangereuse. 

Aucun logiciel IA (qui utilise un modèle de langage) n’est aujourd’hui rentable à grande échelle. Et tous les ChatGPT, Deepmind (Google), Grok (Elon Musk), Lechat (MistralAI) ne rapportent pas d’argent à leurs éditeurs.

Tant que ces acteurs trouvent des centaines de milliards pour leurs investissements à perte, tout va bien. Mais il faut savoir anticiper « le jour où ça s’arrêtera ».

En attendant, si OpenAi (qui investit énormément sans gagner d’argent) a une option d’achat de 10% du capital d’AMD, c’est bien pour profiter de sa rentabilité. Et c’est la preuve que cet écosystème sait parfaitement qui encaisse et qui est en risque.

Il faut l’avoir en tête parce qu’en filigrane, ce que dit aussi cet accord, c’est que l’IA est la dernière chance des USA d’assurer sa domination économique mondiale.

Regardez l’évolution des indices S&P 500 et Nasdaq :

Le lundi 6 octobre marquait aussi leurs records historiques respectifs. 

Mais cette euphorie sur la tech est devenue tellement banale qu’on ne les a pas remarqués, ni 2 autres.

Acte 4 : la journée des 4 records

Quand j’écris « euphorie sur la tech » et que je parle d’IA comme « dernière chance des USA », ce n’est pas à la légère.

La bourse est absolument dirigée par les boîtes tech, qui sont absolument américaines. 

Les 25 plus grosses sociétés tech des USA représentent… 21% de la capitalisation mondiale totale – composée par 10 600 sociétés !

25 entreprises tech, valant 28 000 milliards $, de Qualcomm (181 milliards $) à Nvidia (4 514 milliards $). 

Si vous additionnez les 9 600 entreprises mondiales qui valent moins de 20 milliards (en France on a Bouygues, Renault, Alstom, Eiffage, Bolloré, Aéroports de Paris, Accor, Carrefour, etc.)… vous n’égalerez pas ces 25 monstres de la tech.

Et face à une telle pondération, à une telle concentration, le marché n’est pas naïf.

Les grands investisseurs se protègent, avec les valeurs qui ont fait leurs preuves. 2 d’entre elles ont aussi atteint leur record hier : l’once d’or et le Bitcoin.

Ce seront mes 2 derniers graphes du lundi 6 octobre :

Certes, l’or et le Bitcoin ne protègent pas que de « l’euphorie tech » : ils préservent aussi de la faiblesse des monnaies de pays endettés (USA, France, Japon).

Et d’ailleurs, il faut préciser une chose : si le S&P et le Nasdaq battent des records en 2025 (+14% et +18% respectivement), ce n’est rien à côté de l’or (+51%) et du Bitcoin (+30%) sur la même période.

Quand je vous dis que le marché n’est pas naïf.

Maintenant, vous savez un peu mieux comment il marche !

Je vous reparle très vite,

Felix Baron